Pierre Guédron - Cessez mortels de soupirer
Cessez mortels de soupirer | Pierre Guédron | Baroque, chanson française, polyphonie | France | 1612
Interprétation et orchestration par Vincent Dumestre, enregistré en 2002.
Paroles
Cessés mortels de soupirer,
Cette beauté n'est pas mortelle,
Il est permis de l'adorer,
Mais non pas d'estre amoureux d'elle :
Les dieux tant seulement
Peuvent aymer si hautement.
Amour aux lieux plus escartés
Mesme où l'on mesprise ses flames,
Au seul renom de ses beautés
Captive les plus grandes ames :
Mais les dieux seulement
Peuvent aymer si hautement.
Celuy seroit trop insencé
Quelqu'heur ou son bon heur aspire,
Si ces beaux yeux l'avoyent blessé
D'oser descouvrir son martire :
Car les dieux seulement
Peuvent aymer si hautement.
Qui est celuy qui ne void pas
Que pour elle la Terre est belle,
Que les fleurs naissent soubs ses pas,
Que le jour luit plus beau pour elle,
Et les dieux seulement
Dignes d'aymer si hautement ?
Jamais de si rares tresors
Le Ciel n'enrichit autre dame,
Soit ou pour les beautés du corps,
Ou bien pour les vertus de l'ame.
Non les dieux seulement
Peuvent aymer si hautement.
Sa grace, son oeil sans rigueurs
Fait sans flater qu'on la peut dire
Reine des beautés & des coeurs,
Qu'elle en tient le sceptre & l'empire :
Mais les dieux seulement
Peuvent aymer si hautement.
Bref ces divines qualités
Dont le ciel orna sa naissance,
Deffendent mesme aux deités
Non de l'aymer, mais l'esperance
D'obtenir en l'aymant
Sinon qu'un glorieux tourment.